Coronavirus : retour à l'école dès le 12 mai, ce qu'il va se passer pour les jeunes Normands

Le plan de déconfiment a été présenté ce mardi 28 avril par le Premier ministre. Les premier écoliers doivent retrouver le chemin de l'école dans deux semaines. Mais dans quelles conditions et pour quoi faire ?

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"Si il annonce la rentrée scolaire en septembre, je me prends une cuite dans la foulée", nous confiait un parent d'élève peu avant l'allocution présidentielle, le 13 avril dernier. Avec le confinement, nombre de parents ont découvert les difficultés du métier d'enseignant, une école "à la maison" d'autant plus difficile à mettre en oeuvre quand il faut la concilier avec ses propres obligations professionnelles. Télétravail et télé-école ne font pas toujours bon ménage. Finalement, le chef de l'Etat avait annoncé un retour dans les salles de classes après le 11 mai.

Mais le soulagement fut bref. Très vite, enseignants puis parents et élus ont fait part de leurs inquiétudes. Car les grands principes énoncés par le président de la République nécessitaient d'être détaillés, développés. Plus de deux semaines plus tard, le plan de déconfinement présenté ce mardi par le Premier ministre est censé apporter toutes les explications.
 

Quand mon enfant va-t-il retourner à l'école ?

La date du 11 mai fixée par le chef de l'Etat est toujours d'actualité même si les premiers écoliers ne retrouveront leurs enseignants que le mardi 12 mai. Le lundi sera une journée de pré-rentrée pour les professeurs.

Le gouvernement "propose une réouverture très progressive des maternelles et de l'école élémentaire à compter du 11 mai, partout sur le territoire, et sur la base du volontariat", a annoncé, sans plus de précision, le Premier ministre mardi à l'Assemblée nationale. Les élèves de grande section, de CP et de CM2 ne seraient donc pas le seuls concernés par cette "première rentrée".

La semaine suivante, celle du 18 mai, ce serait aux collégiens de retrouver le chemin de leurs établissements, en "commençant par la 6ème et la 5ème". Mais avec une nuance de taille. Seuls les départements où le virus circule peu seront concernés.
 
Enfin, début juin, viendrait le tour des lycéens. Ce retour en classe concernerait dans un premier temps les lycées professionnels. Le gouvernement prendra sa décision à la fin du mois de mai.

Chez nos voisins européens, comment ça se passe ?

Les petits Français ne seront pas les premiers à retrouver le chemin de l'école. Outre-Rhin, la rentrée est programmée dés la semaine prochaine, le lundi 4 mai. Les jeune néerlandais reprendront leur cartable en même temps que les écoliers de l'hexagone. Les Belges retourneront en cours le 18 mai et les petits Tchèques le 25.

Mais d'autres pays ont fait le choix de ne pas rouvrir les établissements scolaires. C'est notamment le cas de l'Irlande, la Roumanie, le Portugal ou l'Italie. Dans ce pays, l'un des plus durement touché par l'épidémie de coronavirus, pas d'école avant le mois de septembre. Les écoliers n'auront pas eu cours pendant six mois.  “Tous les scénarios préparés par un comité d’experts prévoyaient des risques élevés de contagion en cas de réouverture (ndlr : avant septembre) des écoles”, expliquait ainsi le premier ministre Giuseppe Conte au quotidien La Repubblica. La fin toute proche de l'année scolaire (fin mai début juin) a sans doute encouragé le chef du gouvernement italien à prendre cette décision.
 

Reprendre l'école, pour quoi faire ?

Le 13 avril dernier, lors de son allocution télévisée, le président de la République annonce le début du déconfinement le 11 mai, un déconfinement qui s'accompagne dans la foulée d'une reprise de l'école. "C'est pour moi une priorité, car la situation actuelle creuse des inégalités", plaide alors le chef de l'Etat, pointant le creusement des inégalités sociales avec le confinement.

"Trop d'enfants, notamment dans les quartiers populaires ou dans nos campagnes, sont privés d'école, sans avoir accès au numérique, et ne peuvent être aidés de la même manière par les parents. C'est pourquoi nos enfants doivent pouvoir retrouver le chemin des classes." Ce mardi 28 avril, à l'Assemblée nationale, le Premier ministre a évoqué "un impératif pédagogique, un impératif de justice sociale".
 
Il s'agit aussi de permettre de décharger les parents du travail scolaire et leur permettre de retourner travailler. Des raisons socio-économiques qui semblent l'avoir emporté sur les impératifs sanitaires. Si le Conseil scientifique prend "acte de la décision politique", il recommandait un retour à l'école en septembre prochain.
 
Chez nos confrères de Radio Classique, le président la Région Normandie plaide également pour une rentrée en septembre. Hervé Morin pointe l'incapacité des collectivités locales en charge des établissements d'assurer les conditions de sécurité requises (fourniture de masques par exemple) dans un délai aussi court et s'interroge sur l'efficacité pédagogique d'une réouverture des établissements, si les parents n'ont pas l'obligation d'y envoyer leurs enfants :  "Vous pensez que ce sont les familles des enfants qui n’ont pas suivi les programmes depuis 2 mois qui vont renvoyer leurs mômes les 1er à l’école ? J’ai un doute."

Pour l'instant, les vacances d'été sont programmées le samedi 4 juillet. Avec une rentrée programmée le mardi 12 mai, les premiers écoliers à retrouver leurs salles de classe auront moins de deux mois de cours. Un laps de temps suffisant pour combler le retard accumulé pendant plus de huit semaines de "télé-école" ? Rien n'est moins sûr. Christine Gavini-Chevet, la rectrice de l'académie de Normandie, en convient. Interrogée par nos confrères de France Bleu Normandie, elle affirme que "l'objectif ne sera pas de finir le programme scolaire coûte que coûte" mais d' "essayer de travailler pour que chaque élève puisse rentrer dans la classe suivante de façon confortable."
 

Si l'école rouvre, comment y aller ?

Si de nombreux parents emmènent leurs enfants à l'école à pied, en voiture ou en vélo, 134 000 élèves utilisent les transports scolaires en Normandie pour se rendre en cours. Le 12 mai prochain, le voyage sera semé d'embuches. Hervé Morin estime ainsi qu'il sera difficile d'appliquer dans les cars les mesures de distanciation sociale. "Il est impossible pour des raisons financières, de capacité de transports et de manque de chauffeurs de doubler ou tripler le nombre de bus", affirme le président de la Région Normandie dans les colonnes du Point. Alain Roué, président de la Fédération nationale des transports de voyageurs, s'interroge chez nos collègues de France 3 Bretagne : "Arrivé à 25 enfants que fait le chauffeur ? Il arrête son circuit ? Comment allons-nous faire pour gérer le reste des enfants et des passagers, pour pouvoir les transporter en toute sécurité ?"
 Ce mardi, Edouard Philippe a indiqué que dans les bus scolaires seul un siège sur deux sera occupé et que le masque sera obligatoire pour les chauffeurs et les jeunes, à partir du collège.
 

Mon enfant sera-t-il en sécurité à l'école ?

C'est la grande inquiétude des parents. Et ce d'autant plus que le Conseil scientifique s'est prononcé récemment en faveur d'une rentrée décalée au mois de septembre prochain. Lors de son audition le 21 avril par la commission des affaires culturelles et de l'éducation de l'Assemblée nationale, le ministre de l'éducation, Jean-Michel Blanquer avait livré quelques grandes pistes : l'étalement de la rentrée sur trois semaines, l'application stricte des gestes barrières et des normes d'hygiène au sein des établissements mais aussi la réduction des effectifs au sein des classes (pas plus de 15 élèves) et la mise en place d'un "protocole sanitaire".

Dans une note adressée aux autorités le 24 avril dernier, le Conseil scientifique liste plusieurs règles à suivre en cette rentrée particulière : le lavage des mains mais aussi des locaux, plusieurs fois par jour, l'espacement des tables d'au moins un mètre, éviter que les élèves se croisent dans les locaux et le port du masque pour tous. Il est également recommandé d'assurer le service de cantine dans les classes, quand c'est possible.
  Ce mardi, le Premier ministre a déclaré devant les députés que cette rentrée était "une décision qui n'a pas été prise à la légère". Outre le strict respect des mesures barrières (lavage des mains, distanciation sociale), Edouard Philippe a annoncé que les cours se dérouleront dans "des conditions sanitaires strictes" avec pas plus de 15 élèves par classe. L'enseignement à distance ou en étude, quand c'est possible, sera proposé. La restauration scolaire n'a pas été évoquée.
 
En revanche, les masques ne seront pas imposés à tous. Ils seront "prohibés" pour les enfants de moins de trois ans et ceux en maternelle, et ne sont "pas recommandés" à l'école primaire. "Les enseignants devront porter le masque s'ils ne peuvent observer la distanciation physique", a indiqué le chef du gouvernement. Des "masques pédiatriques" seront mis à disposition des directeurs d'école, en attendant une prise en charge médicale si l'enfant présente des symptômes du coronavirus. Le port du masque sera en revanche obligatoire à partir du collège. Selon Edouard Philippe, ils seronnt fournis à ceux "qui n'auraient pas réussi à s'en procurer".

 

Qui va mettre en oeuvre ces mesures sanitaires dans les établissements ?

Nombre de maires, en première ligne sur cette rentrée, ont ces derniers jours estimé que les conditions n'étaient pas réunies pour assurer le retour en classe dans la sérénité : difficulté d'approvisonnement en masques, taille réduite des locaux. Dans le Nord, Joël Wilmotte, maire (LR) d'Hautmont, a pris un arrêté municipal fermant les établissements scolaires publics jusqu'à nouvel ordre. 
 
Les maires réclament à l'Etat un "cadre clair" pour assurer cette rentrée et des moyens. En Normandie, Hervé Morin estimait ainsi, avant les annonces de ce mardi 28 avril, la fourniture de masques aux élèves à 60 millions d'euros.  Si l'Etat, par la voix d'Edouard Philippe, a assurés les élus locaux ce mardi de son soutien, il ne les a peut-être pas forcément rassurés, le chef du gouvernement déclarant vouloir "laisser le maximum de souplesse au terrain (...) les directeurs d'école, les parents d'élève, les collectivités locales trouveront ensemble, avec pragmatisme, les meilleures solutions". 
 
Les élus s'inquiètent également d'une éventuelle mise en cause de leur responsabilité si un drame survenait. Ce lundi 27 avril, à la veille de la présentation du plan de déconfinement par Edouard Philippe, le sénateur de l'Eure et président de la commission de l'Aménagement du territoire, Hervé Maurey, a déposé une proposition de loi pour renforcer la protection juridique des maires. "Il n'est pas normal qu'un maire qui n'a pas les moyens d'assurer la réouverture de l'école de sa commune en toute sécurité puisse voir sa responsabilité juridique engagée alors même que cette décision a été prise par l'Etat", souligne l'élu centriste.
 

Dois-je envoyer mon enfant à l'école ?

Depuis Jules Ferry, aller à l'école n'est pas une option mais une obligation. Néanmoins, le chef de l'Etat a annoncé lors d'une réunion le 23 avril avec 22 maires que cette reprise des cours s'effectuerait sur la base du volontariat. En clair, les parents ne sont pas obligés d'envoyer leurs enfants en classe le 12 mai prochain. A charge pour eux, d'assurer l'instruction de leur progéniture par leurs propres moyens
 
Au regard des incertitudes qui planent sur les conditions dans lesquelles va se dérouler la rentrée du 12 mai, la FCPE (Fédération des conseils de parents d’élèves), par la voix de sa co-présidente Carla Dugault, estime que "c'est un bon choix de laisser les parents décider du retour à l’école. Parce que ce sont les parents qui connaissent le mieux leurs enfants, et qui sont le plus à même de savoir si les enfants ont le moral pour reprendre le chemin de l'école tout de suite."

A droite, plusieurs élus mettent en doute voire contestent ce principe de volontariat. Si Hervé Morin (voir plus haut) doute que les élèves qui en ont le plus besoin retrouvent ainsi le chemin de l'école, le patron des députés Les Républicains, Damien Abad, estime pour sa part que "le gouvernement se défausse de sa propre responsabilité sur celle des familles et des parents d'élèves". 
 
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